• MOE NDENDE Par René Mavoungou Pambou

    MOE NDENDE

     
     

    mavoungou

    La conquête du Mayombe par les colons et impérialistes français n'a jamais été une promenade de santé, quand on sait que devant eux s'était dressé un redoutable obstacle en la personne de Moe Ndende, le farouche gouverneur du massif forestier. Lequel était opposé à l'entreprise de désacralisation de notre environnement par des étrangers cupides. Il est de notoriété publique que les effets pervers de l'aventure coloniale finiront par lui donner raison.

    MBOUMBOU NDENDE ET MBIOKA NDENDE -GRANDS RESISTANTS DU MAYOMBE

    Le colon a traversé le Congo-Brazzaville du Nord au sud, et reconnu le fleuve Kouilou depuis le bas Kouilou jusqu'à Sounda dans le Mayombe. Les renseignements qu’il apporte dans son carnet de voyage, sont vitaux pour la connaissance de l’Afrique centrale. Ils vont susciter bien de vocations, tant sur le plan missionnaire que les plans politique et économique. Lorsque De Brazza obtient de la Conférence de Berlin, l’administration de « l’Etat indépendant du Congo », en 1885,déjà à cette époque, la "capitale politique" du Mayombe était située à "LOAKA" près de KAKAMOEKA.

    La bataille du Mayombe, c’est donc le combat mené par « l’Etat Indépendant du Congo » pour le contrôle et la mise en valeur de la forêt du Mayombe. Une forêt riche en essences forestières et riche pour les cultures d’exportation : or, diamant , bois, huile de palme et autres. Plusieurs projets de sociétés agricoles et forestières sont à l’étude. C’est le cas de la Compagnie des produits de bois, SCERIMA au port maritime de Magne, première société qui se propose d'exploiter le bois. Plus tard, la compagnie étendra ses activités souterraines à l'exploration de l'or.

    Les colons décidèrent d'envahir le Mayombe pour évaluer l'étendue des richesses du Mayombe. Or les Yombés n’entendent pas voir un étranger venir « dévierger » leur forêt sacrée. Ils décident de lui barrer la route en organisant une résistance opiniâtre conduite par les 2 vaillants guerriers mystico-religieux, le Grand Chef MBOUMBOU NDENDE et son frère MBIOKA NDENDE, tous deux enfants NDENDE NIENGO.

    Le lieutenant DUMONT quitte Pointe-Noire au mois de mai 1895, décidé de traverser l’épaisse forêt du Mayombe envers et contre tout. Il est à la tête de deux compagnies, c'est-à-dire 65 hommes bien entrainés et équipés de fusils perfectionnés. Il s’avance péniblement, rencontrant à chaque étape, une hostilité grandissante de la part des guerriers Yombés conduits par leur vénérable grand Chef MBOUMBOU.

    Les Yombés sont connus pour être un peuple brave, entreprenant, solidaire, contestataire et bagarreur. Il accepte difficilement l’assujettissement et la servitude. Il est fier de ses valeurs et de ses mœurs. Et toute atteinte à son honneur et à sa dignité, est une blessure faite à son amour-propre.

    Le lieutenant DUMONT est jeune, courageux et téméraire. Il ne comprend pas que les coutumes et les traditions des ancêtres, leur vision du monde, leur habitat naturel, sont des valeurs inexpugnables. Alors, dans la profondeur de la forêt, aux environs de MAGNE, une centaine de « guerriers Yombés », armés de fusils de chasse, attaquant la colonne DUMONT.

    Le lieutenant de la Force publique est tué au cours de l’affrontement. Ramené à Pointe Noire, son état de santé est jugé sérieusement préoccupant. Il s’embarque pour la France le 7 septembre 1895. Il ne survit que quelques mois à ses blessures. Il meurt à Marseille, le 8 mai 1896.

    Bien entendu l’échec de la mission du lieutenant DUMONT, ne conduit pas l’administration coloniale à renoncer à l'exploitation sauvage des ressources du Mayombe. Mais l’épisode du lieutenant DUMONT démontre – si besoin était encore – que l’occupation du territoire congolais, n’a jamais été une promenade militaire pour la Force publique Française.

    Les peuples de la forêt et de la savane – depuis 1885 – ont régulièrement dit au « conquérant et à l’occupant » qu’ils n’acceptent pas ses méthodes d’occupation de terrain, ses stratégies de commandement et d’administration, son racisme et sa mal gouvernance.

    Après avoir vaillamment résisté, Albert Londres croise quelques Européens, un Belge "maigre, malade, à qui il manquait deux doigts à la main droite", un Français "malade, maigre, à qui il manquait un doigt à la main gauche et deux à la droite" et un Anglais "qui n'avait pas l'air d'être malade" et qui était "coupeur de bois pour le compte de SIDETRA".

    Le journaliste passe la nuit dans la case d'un autre Blanc, dans une ambiance sinistre. Interrogeant son compagnon d'un soir, il se voit vertement répondre "Je suis malade, les nègres sont malades, le chemin de fer est malade, le bon Dieu, s'il venait sur les chantiers, serait malade !". Bref, les Européens, sur le plan sanitaire, ne sont guère mieux lotis que les Africains. Il rencontre des Blancs épuisés : "Aucun n'avait pu me parler longtemps, on aurait dit que le souffler leur manquait. A mes demandes, ils répondaient par un geste las. Ils étaient des hommes à bout de résistance. La forêt tropicale et le Grand Chef MBOUMBOU NDENDE les avait minés."

    Source: "Les cahiers du Congo-Les mémoires d'outre-mer" -Réné DUMONT. 1919»

    « MAMA KIMPA VITA (1684-1706)« La politique se fait au pays », le nouveau slogan des soumis. »